VITA SECUNDA 161

CHAPITRE 120

COMMENT, LABORIEUX COMME IL L’ÉTAIT, IL DÉTESTAIT LES OISIFS.

161. Les tièdes, ceux qui ne s’adonnent à aucun travail habituel, il disait que le Seigneur les vomirait de sa bouche1. Personne ne pouvait demeurer devant lui à ne rien faire sans recevoir de mordantes leçons. Lui-même d’ailleurs, modèle de toute perfection, travaillait de ses mains et ne voulait gaspiller aucune miette de ce don précieux qu’est le temps2. Il dit un jour : « Je veux que tous mes frères travaillent et se donnent de la peine ; ceux qui ne connaissent pas de métier, qu’ils en apprennent un3 ». Et il en donnait le motif : « C’est afin d’être moins à charge aux hommes, afin aussi d’éviter que nos cœurs et nos langues n’aillent verser dans le mal à cause de notre oisiveté. » Le salaire ou la gratification donnés en échange du travail n’étaient pas laissés à la disposition du frère, mais devaient être remis au gardien ou à la communauté.

Table des chapitres

1    Cf. Ap 3 16.

2   Chaque jour après le repas, saint François s’adonnait au travail manuel. On trouve pourtant dans saint Bonaventure le curieux détail suivant : « Il ne faisait pas grand cas du travail manuel, si ce n’est pour éviter l’oisiveté ; bien qu’il ait été le plus parfait observateur de la Règle, je ne pense pas qu’il ait jamais, par le travail de ses mains, gagné douze deniers ou leur équivalent en nature. Il avertissait plutôt les frères qu’ils avaient à prier et ne voulait pas que, pour gagner quoi que ce fût, on éteignît l’oraison. » (Epist. de III Quaest., § 9).

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