VITA SECUNDA 127

CHAPITRE 90

COMMENT IL CHANTAIT EN FRANÇAIS LORSQU’IL ÉTAIT TRANSPORTÉ DE JOIE.

127. Voici comment il se comportait quelquefois : la très douce mélodie qui chantait dans son coeur s’exprimait au dehors sur des paroles françaises1 et ce que Dieu lui murmurait furtivement à l’oreille éclatait en joyeux cantiques français.

Je l’ai parfois vu de mes yeux ramasser à terre un morceau de bois, le poser sur son bras gauche et le racler d’une baguette tendue, comme s’il avait promené un archet sur la viole : il mimait ainsi l’accompagnement des louanges qu’il chantait au Seigneur en français2. Mais tous ces accès finissaient par des larmes, son allégresse débouchait dans la contemplation de la passion du Christ. Il ne laissait plus échapper alors que des soupirs, des gémissements répétés ; il oubliait les pauvres choses qu’il avait en mains et se laissait ravir au ciel en extase.

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1  Cf. 1 C 16, n. 1.

2 Claudel, citant sans doute de mémoire, conclut ainsi : « Combien de faiseurs de tintamarre autour de nous, combien de sourds ! Et combien peu de ces gens comme le frère Pacifique, ami de saint François, qui, de deux morceaux de bois ramassés au hasard, tirait un chant plus délicieux que celui d’un Stradivarius ! », (Positions et Propositions, II, 173).

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