VITA SECUNDA 111

CHAPITRE 77

LA TRUIE FÉROCE QUI MANGEA UN AGNEAU.

111. La puissance de sa parole sur les animaux eux-mêmes est suffisamment décrite par ailleurs1. Voici pourtant un épisode que j’ai sous la main. Il était hébergé au monastère de Saint-Vergoin, dans le diocèse de Gubbio ; durant la nuit, une brebis eut un agneau. Mais une truie fort méchante se trouvait dans l’étable : sans pitié pour l’innocent, elle le déchiqueta sauvagement et le tua. Au matin, les valets ne trouvèrent que le cadavre de l’agneau : l’auteur de ce forfait ne pouvait être que la truie. A cette nouvelle qui lui rappelait la mort d’un autre Agneau2, le Père, très ému, pleura devant tous la mort du petit agneau : « Hélas, frère agnelet, créature innocente qui rappelle si utilement le Christ aux hommes, maudite soit l’impie qui t’a tué ! Que jamais homme ni bête ne mange de sa chair ! » Merveille : aussitôt la truie malfaisante commença d’être malade ; après avoir purgé pour ainsi dire sa peine durant trois jours, elle reçut enfin son dernier châtiment et creva. On la bascula dans un fossé du monastère où elle demeura longtemps sèche comme une planche ; aucun être vivant n’y voulut apaiser sa faim.

Table des chapitres

1 1 C 56-61 ; 2 C 167-171.

2 Le Christ ; cf. Jn 1 29-36 ; 1 C 77-79.

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