VITA SECUNDA 103

CHAPITRE 69

COMMENT IL EXPLIQUA UN VERSET DU PROPHÈTE ÉZÉCHIEL, A LA DEMANDE D’UN FRÈRE PRÊCHEUR.

103. Pendant le séjour du bienheureux à Sienne, arriva aussi dans cette ville un frère Prêcheur, homme surnaturel et docteur en théologie ; il rendit visite au bienheureux François et eut avec lui une longue et bienfaisante conversation sur les paroles du Seigneur. Il l’interrogea aussi sur cette parole d’Ézéchiel1 : « Si tu n’avertis pas le méchant de son impiété, je te demanderai compte de son âme. » Or, ajouta-t-il, « j’en connais beaucoup qui sont en état de péché mortel, et je ne les avertis pas toujours de leur impiété. Devrai-je donc rendre compte de leurs âmes ? »

Le bienheureux François protesta qu’il n’était qu’un ignorant2 et que c’était à lui d’être instruit par le frère plutôt que de donner son avis sur un passage d’Ecriture. « Mon frère, lui dit alors le Maître, avec humilité, j’ai entendu plusieurs savants déjà expliquer ce verset, mais je recevrais volontiers ton avis sur ce point. » – « Si le verset, répondit le saint, doit recevoir son sens le plus large, voici comment je l’entends : le serviteur de Dieu doit entretenir un tel feu en lui, par la sainteté de sa vie et le parfum de sa réputation, qu’ils seront tous avertis de leur iniquité3. » Le Maître s’en alla très édifié ; il dit aux compagnons du bienheureux : « Mes frères, la théologie de cet homme possède l’essor de l’aigle et plane sur les deux ailes de la pureté et de la contemplation, tandis que notre science collée au sol se traîne sur le ventre. »

Table des chapitres

1 Ez 3 18.

2 Idiota. Cf. 1 C 120.

3 interprétation classique. Wadding. Opusc., p. 472, indique les principaux auteurs qui l’avaient déjà fournie avant saint François.

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