Légende Majeure/Chapitre V

CHAPITRE 5 : SON AUSTÉRITÉ. LE CHARME[1] QUE LUI PROCURAIT LA COMPAGNIE DES CRÉATURES.

  1. A voir toutes ces âmes entraînées par son exemple à porter avec ferveur la croix du Christ, François, l’homme de Dieu, se sentait, lui aussi, encouragé, en digne chef de l’armée du Christ, à conquérir la palme de la victoire[2] sur les plus hauts sommets de la vertu. Frappé en effet par cette parole de l’Apôtre : « Ceux qui appartiennent au Christ ont crucifié leur chair avec ses vices et ses concupiscences[3]», il voulut assurer à son corps l’armure de la croix. Il opposait aux désirs de ses sens une discipline d’une telle rigidité qu’il accordait à peine à la nature ce qui lui est nécessaire pour se soutenir. Il est bien difficile de subvenir à une nécessité du corps, disait-il, sans se laisser aller aux penchants des sens[4]. Aussi, tant qu’il fut en bonne santé, n’accepta-t-il qu’à contrecœur et rarement des aliments cuits[5]; encore les mélangeait-il de cendre ou les noyait-il dans l’eau, tant et si bien que l’assaisonnement perdait toute saveur[6]. Et en fait de boisson, je ne parlerai même pas de vin, puisque, même brûlé de soif, il ne buvait d’eau qu’à peine assez pour se désaltérer[7]. Il savait inventer des moyens de pratiquer une abstinence plus dure encore et par l’entraînement y faisait chaque jour des progrès. Bien qu’il eût atteint déjà le sommet de la perfection, il se considérait toujours comme un commençant, trouvait toujours du neuf pour châtier la concupiscence en matant la chair. Quand il quittait sa solitude, il prenait la même nourriture que ses hôtes, à cause de la parole de l’Évangile[8], mais sitôt rentré il se remettait strictement à sa rigoureuse abstinence. C’est ainsi que, dur pour lui-même, humain avec tous, soumis en tous points à l’Évangile du Christ, qu’il jeûnât ou qu’il mangeât, il était toujours un exemple et un sujet d’édification. C’était la terre nue qui la plupart du temps servait de lit à son pauvre corps fatigué[9], et souvent il dormait assis, avec une pierre ou une bûche en guise d’oreiller, et sa seule pauvre tunique comme couverture : il servait le Seigneur « dans le froid et la nudité[10] ».
  2. On lui demanda un jour comment un habit[11] si léger pouvait le défendre de la morsure du froid en hiver ; il répondit avec toute l’ardeur de son âme : « Si nous brûlions de ce feu intérieur qu’est le désir de la patrie céleste, nous supporterions allègrement le froid extérieur ! » Il avait en horreur les tissus trop caressants et préférait les habits grossiers, car c’était, disait-il, ce qui avait mérité à Jean-Baptiste d’être loué de la bouche même de Dieu. Si la tunique qu’on lui donnait était trop douce à son gré, il en garnissait l’intérieur de cordelettes et citait la parole de Celui qui est la Vérité : « Ce n’est pas dans la chaumière du pauvre mais dans les palais des rois qu’on rencontre les vêtements moelleux[12]. » L’expérience lui avait appris d’ailleurs que l’austérité met en fuite les démons, tandis qu’ils prennent grand plaisir à tenter les voluptueux et les sensuels.

Une nuit où, contre son habitude, il avait utilisé un oreiller de plumes, à cause de ses migraines et de son ophtalmie, le démon s’y glissa, l’empêcha de dormir jusqu’à Matines et le distrayait de mille manières dans ses efforts pour prier, jusqu’à ce qu’un frère fût venu sur sa demande pour emporter loin de la cellule le traversin et son démon. Mais ce fut alors le frère, à peine sorti de la cellule avec le duvet maudit, qui se trouva sans force et tout paralysé jusqu’à ce que le Père, averti par le Saint-Esprit, rendît d’un mot leur pleine vigueur à son cœur et à son corps[13].

  1. Austère, toujours sur ses gardes[14], il veillait avec le plus grand soin à conserver purs son âme et son corps ; dans les débuts de sa conversion, il lui arrivait en plein hiver de se plonger dans un fossé plein d’eau glacée[15] pour mater pleinement l’ennemi que chacun porte en soi[16] et préserver des atteintes de la volupté la blanche robe de son innocence. Un homme spirituel, affirmait-il, endure infiniment plus volontiers le froid qui glace son corps que l’ardeur du plus léger désir charnel s’emparant de son esprit.
  2. Une nuit, il était en train de prier dans sa cellule de l’ermitage de Sarteano, quand il entendit l’antique ennemi l’appeler trois fois

– François ! François ! François !

– Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-il.

Et l’autre, insidieux :

– Il n’est pécheur en ce monde à qui Dieu, s’il se convertit, n’accorde le pardon ; mais celui qui se tue lui-même à force de pénitence, celui-là jamais n’obtiendra miséricorde.

Une révélation permit aussitôt à l’homme de Dieu de pénétrer la fourberie de l’ennemi qui s’acharnait ainsi à le ramener à la médiocrité. La preuve en fut que tout de suite une forte tentation charnelle le saisit, attisée par celui dont le souffle peut allumer des charbons[17]. Sitôt effleuré par cette tentation, notre amant de la chasteté ôte son habit, empoigne sa corde et se flagelle vigoureusement en disant : « Voilà, frère âne, l’état dans lequel tu mérites de rester ; voilà le fouet que tu dois subir ! La tunique est un habit religieux, un symbole de sainteté ; un vicieux n’a pas le droit de se l’approprier. Mais si tu veux partir, pars donc comme tu es ! »

Il n’en reste pas là : débordant d’une magnifique ardeur spirituelle, il sort de sa cellule, va au jardin, se roule tout nu dans l’épaisse couche de neige[18] -, puis, la ramassant à pleines mains, il en fabrique sept bonshommes, les passe en revue et, s’adressant à « l’homme extérieur » : « Regarde, dit-il : le plus grand c’est ta femme ; les quatre autres tes deux garçons et tes deux filles, et les deux derniers ton domestique et ta bonne, car il faut aussi se faire servir ! Dépêche-toi donc de leur trouver des vêtements : ils meurent de froid. Mais si tu trouves trop lourds tant de soucis, alors reporte tous tes soins à ne servir que Dieu seul ! » Le tentateur, vaincu, battit en retraite aussitôt et le saint retourna en cellule, victorieux ; le froid extérieur qu’il s’était imposé comme châtiment avait si bien éteint le feu intérieur de la concupiscence qu’il en fut pour toujours débarrassé. Un frère, encore en prière à cette heure-là, fut témoin de tout le spectacle grâce à un splendide clair de lune ; l’homme de Dieu en fut informé, lui raconta le drame de sa tentation, mais lui défendit d’en parler à quiconque tant qu’il vivrait.

  1. Il enseignait que ce n’est pas assez de détruire les vices et de réprimer les ardeurs de la chair, mais qu’il faut encore surveiller avec grand soin l’accès des sens extérieurs par lesquels la mort entre dans l’âme. Il ordonnait d’éviter avec le plus grand soin les allures familières, les bavardages et les entrevues avec les femmes, occasion de chute pour beaucoup, car, affirmait-il, « c’est ce qui perd les plus faibles et affaiblit les plus forts ; à moins d’être d’une vertu très éprouvée, il est aussi facile de leur parler sans être contaminé que de marcher dans le feu, comme dit l’Écriture, sans se brûler les pieds[19]». Lui-même d’ailleurs détournait ses yeux pour ne pas s’attarder à des vanités[20], si bien qu’il put un jour déclarer à un compagnon n’en reconnaître pratiquement aucune[21]. Il n’est pas prudent, pensait-il, d’enregistrer de ces visions qui sont capables ensuite de faire reprendre feu à une chair déjà domptée ou de ternir la blancheur d’une âme innocente. Il allait jusqu’à déclarer que parler à une femme relève de la frivolité, sauf en confession ou pour lui adresser deux mots d’exhortation, selon les besoins de son âme et les exigences de la politesse ; « Que peut donc bien avoir un religieux à traiter avec une femme si ce n’est lorsqu’elle lui demande le sacrement de pénitence ou un conseil pour devenir meilleure ? Quand on est trop sûr de soi, on prend moins garde à l’ennemi, et le diable a tôt fait, quand il vous a saisi par un cheveu, d’en faire un joug qu’on ne peut plus rejeter. »
  2. Quant à l’oisiveté, qu’il considérait comme le cloaque où grouillent toutes les mauvaises pensées, il recommandait de la fuir avec le plus grand soin et montrait par son exemple qu’il faut dompter la chair paresseuse et rétive par une application soutenue et un travail utile[22]. Aussi appelait-il son corps « frère âne », pour signifier qu’il fallait le surcharger de travail et de fardeaux, le fouetter souvent et le nourrir du premier picotin venu. S’il voyait un frère traîner son oisiveté et prétendre vivre aux crochets des autres : « On devrait l’appeler frère mouche, disait-il, car celui-là inspire à tous aversion et mépris, qui ne fait rien de bon, gâte ce qui est bien fait. Je veux que tous mes frères travaillent et se donnent de la peine pour empêcher l’oisiveté de les entraîner au mal en pensées ou en paroles. » En fait de paroles, il ordonnait aux frères l’observation du silence dont parle l’Évangile : s’abstenir soigneusement et toujours de toute parole oiseuse parce qu’on aura, le jour du jugement, à en rendre compte[23]. S’il prenait un frère à bavarder assez souvent et sans utilité, il l’en reprenait avec véhémence ; il affirmait que silence et discrétion protègent la pureté du cœur et sont une grande force, puisque « la langue (l’Écriture parle ici de l’organe de la parole plutôt que du goût) peut donner et la vie et la mort[24]. »
  3. Il faisait tout ce qu’il pouvait pour amener ses frères à vivre dans l’austérité ; il n’aimait cependant pas cette rigueur enragée qui ne revêt pas les entrailles de la douceur[25] et n’est pas assaisonnée de discrétion[26]. Ainsi, par exemple, un frère qui avait mené le jeûne beaucoup trop longtemps, n’en pouvant plus de faim, en avait aussi perdu le sommeil ; le doux berger comprit le péril qui menaçait sa brebis : il appela le frère, lui servit du pain, et, pour lui éviter d’en rougir, mangea le premier en l’invitant à en faire autant. Abandonnant toute timidité, le frère mangea, tout content d’avoir ainsi, grâce à la sagesse et à la bonté de son pasteur, évité l’anémie[27] et reçu un bel exemple de sainteté. Au matin, quand tous les frères furent rassemblés, l’homme de Dieu leur raconta l’incident de la nuit et en tira une leçon pleine de sagesse : « Soyez des modèles les uns pour les autres, mes frères, non point par vos jeûnes mais par votre charité ! » Il leur apprit encore à suivre la discrétion, accompagnatrice obligée de toute vertu, non pas la modération à laquelle nous porte notre nature charnelle, mais la discrétion que nous enseigna le Christ dont la vie très sainte nous est à tous un exemple de perfection[28].
  4. Mais il est impossible à l’homme, parce que la chair est faible[29], de suivre parfaitement et sans contracter quelque souillure, l’Agneau sans tache crucifié pour nous ; le saint affirmait donc – et son enseignement est solide – que la poursuite de la perfection ne va pas sans larmes abondantes et quotidiennes. Lui-même, arrivé pourtant à une merveilleuse pureté de cœur et de corps, ne cessait de clarifier toujours plus les regards de son âme par des ruisseaux de larmes, sans souci du préjudice ainsi causé aux yeux de son corps. A pleurer continuellement il avait fini, en effet, par contracter une très grave maladie des yeux et il répondit un jour au médecin qui lui prescrivait de ne pas pleurer s’il ne voulait devenir aveugle : « Frère médecin, ce n’est pas pour l’amour d’une lumière dont jouissent les mouches tout aussi bien que nous, qu’il nous faut renoncer si peu que ce soit à la vision de la lumière éternelle[30], car ce n’est pas l’esprit qui a reçu pour la chair le privilège de voir la lumière, mais la chair pour l’esprit. » Il préférait encore perdre la vue que de s’interdire, au prix de l’extinction en lui de toute dévotion, les larmes qui permettent de voir Dieu parce qu’elles rendent plus pur le regard intérieur[31].
  5. Une autre fois, les médecins prescrivirent comme remède une cautérisation[32], et les frères le pressaient instamment d’y consentir ; l’homme de Dieu, humblement[33] s’y soumit, car il y vit à la fois l’occasion de guérir et de souffrir. On appela donc un chirurgien qui vint et mit un fer à rougir pour procéder à l’opération. Le serviteur du Christ, pour redonner courage à son corps, d’avance tout secoué d’effroi, s’adressa au feu comme à un ami : « Mon frère le feu, dit-il, le Très-Haut t’a conféré une splendeur que t’envient toutes les créatures ; il t’a fait utile, fort et beau[34]; montre-toi bon et courtois envers moi. Je prie le Seigneur Magnifique, le Dieu qui te créa, de tempérer pour moi ton ardeur afin que j’aie la force de supporter ta caresse brûlante ! » Sa prière terminée, il traça un signe de croix sur le fer incandescent et ensuite attendit sans trembler. Le fer encore tout pétillant d’étincelles fut enfoncé dans sa chair délicate, et la cautérisation s’étendit de l’oreille au sourcil… Mais le saint nous renseigne lui-même sur la souffrance qu’il endura : « Louez le Très-Haut, dit-il aux frères, car je vous le dis en vérité, je n’ai pas senti la brûlure du feu, et ma chair n’a pas eu à souffrir. » Et se tournant vers le médecin : « Si ce n’est pas assez cuit, tu peux recommencer ! » A voir tant de vaillance et de force d’âme dans un corps si fragile, le médecin fut stupéfait et s’écria que c’était un miracle de Dieu : « Je vous le dis, mes frères, j’ai vu des merveilles aujourd’hui[35]! » Le saint, en effet, parvenu à cette pureté qui unit la chair à l’esprit et l’esprit à Dieu dans une merveilleuse harmonie, se voyait obéi, à son tour, par ordre de Dieu, lorsqu’il exprimait un désir ou une volonté, par la créature soumise au Créateur.
  6. En voici un autre exemple : un jour que, très gravement malade à l’ermitage de Saint-Urbain[36] et sentant ses forces l’abandonner, il avait demandé du vin à boire, on lui répondit qu’il n’y en avait pas une goutte. Il se fit alors apporter de l’eau, la bénit d’un signe de croix, et aussitôt ce qui n’avait été jusque-là que de l’eau pure se changea en un vin excellent ; il en but et sentit un grand mieux. Ce que la pauvreté de l’ermitage rendait impossible fut obtenu par la pureté du saint. À peine en eut-il goûté que les forces lui revinrent. L’eau avait pris un nouveau goût, et le malade y puisait une nouvelle santé : tant la boisson que celui qui la buvait furent miraculeusement transformés : double preuve qu’il avait parfaitement dépouillé le vieil homme et revêtu le nouveau[37].
  7. Il n’y avait pas que les créatures à venir, sur son ordre, se mettre au service du serviteur de Dieu : le Créateur lui-même et sa providence daignait combler ses désirs. Accablé par toutes les maladies qui s’étaient donné sur lui rendez-vous, il aurait aimé entendre un peu de musique qui rendît l’essor en son âme à la joie spirituelle, mais comme les convenances[38] ne permettaient pas d’engager des hommes à cet effet, ce furent les anges qui vinrent prêter leur concours pour lui faire plaisir. Durant une nuit, en effet, où il veillait et pensait au Seigneur, une cithare fit entendre soudain un son merveilleux et fila une délicieuse mélodie. Il ne voyait personne mais pouvait suivre au son les allées et venues du cithariste. La douce chanson fut un tel bonheur pour le saint tendu vers Dieu de toute son âme, qu’il se crut dans l’autre monde[39]. Ce fait ne put d’ailleurs rester caché à ses compagnons les plus habituels qui reconnaissaient à des indices certains que leur Père était visité par le Seigneur[40] et favorisé de consolations si fréquentes et si extraordinaires qu’il ne pouvait les leur cacher.
  8. Une autre fois, s’en allant prêcher avec un frère entre la Lombardie et la marche de Trévise, ils furent tous deux, sur une rive du Pô, bloqués par la nuit. Continuer dans cette obscurité sans voir le fleuve et au milieu des marais était très dangereux. Son compagnon dit au saint : « Père, prie donc pour nous délivrer des dangers qui nous menacent ! » Avec son immense confiance, l’homme de Dieu répondit

« S’il plaît à sa bonté, Dieu est assez puissant pour dissiper ces ténèbres et nous accorder le bienfait de la lumière. » À peine avait-il parlé qu’une lumière miraculeuse les environna et bien qu’au-delà régnât la nuit, ils voyaient clairement et dans un grand rayon la route et tous les alentours. Cette lumière fut le guide de leur corps et le réconfort de leur âme, et après une longue route ils arrivèrent sans encombre, en chantant des hymnes et des cantiques de louange, à la maison où ils devaient descendre.

Je vous laisse à juger quelle fut l’admirable pureté et la vertu de cet homme pour qu’à son gré le feu modérât son ardeur, l’eau changeât de goût, les anges lui procurassent la consolation de leur musique et la lumière de Dieu lui servît de guide, l’univers entier donnant ainsi la preuve qu’il se met au service des cinq sens[41] de celui qui, en se sanctifiant, les avait sanctifiés.

[1] Au lieu des inévitables solatio ou consolatio, dont saint Bonaventure fait une étrange consommation, on trouve ici solatium, qui insiste davantage sur l’agrément et le charme que sur la consolation après une épreuve. Serait-ce une réminiscence d’Ovide (Fastes, 1, 441) : Aves, solatia ruris Oiseaux qui faites le charme des campagnes ?)… – En tout cas, ce titre contrasté veut souligner l’aimable génie franciscain de l’équilibre entre le refus de jouissance sensuelle, d’une part, et l’aisance toute fraternelle, d’autre part, dans les rapports avec toute créature.

[2] Ap 7 9

[3] Ga 5 24

[4] Saint Bonaventure se montre ici plus nuancé que 1 C 51 qui dit : Il est impossible de satisfaire à la nécessité sans devenir esclave du plaisir.

[5] Vieille tradition ascétique : chez les ermites syriens déjà « manger un aliment cuit passait pour intempérance ! » (Saint Jérôme, Lettre 27, à Eustochie, 7).

[6] Nous sommes au pays du piment, et chacun sait qu’en Italie plus peut-être qu’en France, « c’est la sauce qui fait le poisson ».

[7] Voyez cependant plus bas § 10.

[8] Reproduite dans les deux Règles successives (1 9 et 11 3) : Mangez de tout ce qu’on vous présentera. (Lc 10 7).

[9] On montre en divers ermitages des « lits » de saint François (Alverne, Greccio). Authentiques ou non, ce sont d’affreux réduits sur le roc à nu, qu’un grillage protège parfois des excès de la dévotion populaire.

[10] 2 Co 11 27

[11] On vénère plusieurs habits de saint François, par exemple celui de la sacristie du Sacro Convento à Assise. Très probablement authentiques, ces habits sont constitués par un entrelacs grossier de laine claire et sombre. L’un des manteaux est conservé à Paris, au couvent des capucins, rue Boissonade.

[12] Mt 11 8

[13] L’histoire de l’oreiller est localisée à Greccio par LP 94, au récit plus pittoresque et développé.

[14] Is 21 8

[15] 1 Cel 42 situe ces austérités hivernales à Rivo Torto.

[16] Saint François illustre ici, par la pratique, la théorie qu’il avait présentée dans l’Admonition 10.

[17] Jb 41 12

[18] A quelques kilomètres au sud-ouest de Chiusi et du Lac Trasimène (province de Sienne, district de Montepulciano), on est à plus de 300 mètres d’altitude et au pied de monts d’un millier de mètres ; aussi la neige y est-elle plus fréquente et plus abondante qu’un Français ne se le figure.

[19] Pr 6 28

[20] Ps 118 37

[21] Celano parle pourtant de deux femmes que François reconnaissait : sans doute Claire, et Jacqueline de Settesoli (2 C 112) ; Ange Clareno opte pour Claire et Dame Pica (Expositio Regulae, édit. Oliger, Quaracchi 1912, p. 217).

[22] Qui ne sera pas forcément un travail manuel. D’après saint Bonaventure lui-même, François n’a pas gagné en tout par son travail la valeur de 12 deniers (Epist. de 3 quaest. § 9). Voir cependant plus bas (10 6) l’épisode du coffret.

[23] Mt 12 36

[24] Pr 18 21

[25] Col 3 12.

[26] Une fois lancé dans les réminiscences bibliques, saint Bonaventure en oublie de veiller à la cohérence de ses images et comparaisons.

[27] Littéralement : Amaigrissement ; le mot choisi par saint Bonaventure, dis-pendium, indique avec précision le « dépérissement progressif constaté par la diminution du poids ».

[28] LP 1 situe l’événement à Rivo-Torto.

[29] Mt 26 41

[30] Les larmes provoquent la cécité : cette menace était sans doute croyance commune. Elle se lisait déjà dans les Proverbes de WIPO, chapelain de l’empereur Henri III (PL 142, 1262).- L’allusion à la lumière dont jouissent les mouches tout aussi bien que nous est un emprunt aux Vies des Pères du Désert (PL 73, 889) emprunt déjà utilisé par saint Jérôme (PL 73, 814).

[31] Ce regard intérieur est à la fois, pour saint Bonaventure, la « lampe du corps » dont parle l’Évangile, l’intention que nous projetons sur les choses, et la conscience, le sens moral, la faculté de discerner le bien du mal.

[32] Le Miroir de la Perfection 115 situe le fait à Fonte Colombo, près de Rieti, là-même où François écrivit sa Règle de 1223.

[33] Humblement, c’est-à-dire en esprit d’obéissance, car Celano nous apprend (1 C 98) que frère Elie, alors ministre général, avait demandé au saint de ne pas repousser plus longtemps les secours de la médecine. Pour saint Bonaventure, biographe pacificateur, toujours la même méthode de travail : passer sous silence un nom qui suscitait encore des discussions passionnées.

[34] Bien remarquer cette sorte d’extrait du Cantique des Créatures, dont saint Bonaventure ne parle nulle part explicitement.

[35] Lc 5 26

[36] L’ermitage du Speco Sant’Urbano est situé à quelques kilomètres au sud-est de Narni. C’est l’un des mieux conservés des ermitages où vécut saint François.

[37] Col 3 9

[38] Les convenances, c’est-à-dire surtout l’opposition de frère Elie dont saint Bonaventure, une fois de plus, tait les agissements. Notons cependant, à décharge, que pour le ministre général comme pour toute imagination du XIII° siècle, les musiciens comme les acteurs, étaient assimilés soit aux histrions habitués des kermesses, beuveries, sauteries, orgies, soit aux jongleurs habitués des châteaux : de toutes façons il eût été très original de les introduire dans un ermitage de pénitents.

[39] LP 24 place l’épisode à Rieti dans la maison de Tabald le Sarrasin, médecin qui soignait saint François.

[40] Lc 1 68 ; 7 16

[41] En fait, quatre seulement sont ici mentionnés : le toucher pour le feu, le goût pour l’eau, l’ouïe pour la musique des anges, et la vue pour la lumière dans l’obscurité. Pour l’odorat, on n’a qu’une légère allusion à l’occasion du baiser au lépreux. Saint François dit lui-même dans son Testament : « Quand je revins de chez eux (les lépreux), ce qui me semblait autrefois amer s’était changé pour moi en douceur pour l’âme et pour le corps. »

Les commentaires sont fermés