Légende Majeure/Chapitre III

CHAPITRE 3 : FONDATION DE L’ORDRE. APPROBATION DE LA RÈGLE.

  1. François séjourna donc quelque temps dans l’église de la Vierge Mère de Dieu, lui demandant par d’instantes et continuelles prières la faveur de devenir son protégé. Par les mérites de la Mère de miséricorde c’est auprès de celle qui conçut le Verbe plein de grâce et de vérité[1], qu’il conçut lui aussi et enfanta l’esprit de la vérité évangélique. Voici en quelles circonstances.

Il assistait dévotement à la messe des Apôtres[2] ; l’évangile était celui où le Christ envoie ses disciples prêcher et leur enseigne la façon évangélique de vivre : ni or ni argent, pas de monnaie dans la ceinture, pas de sac de voyage, pas de tunique de réserve, pas de chaussures, pas de bâton[3]. Sitôt compris[4] et retenu ce texte, le voilà amoureux de cette pauvreté des Apôtres et il s’écrie, transporté de joie : « Voilà ce que je veux ! Voilà ce que toute mon âme désire ! » Et sans attendre il ôte ses chaussures, laisse tomber sa canne, abandonne besace et argent comme objets d’horreur, ne garde qu’une tunique, envoie promener sa ceinture qu’il remplace par une corde ; il met tout son cœur à réaliser ce qu’il vient d’entendre et à se conformer en tout à ce code de perfection donné aux Apôtres.

  1. Un élan communiqué par Dieu le pousse dès lors à la conquête de la perfection évangélique et à une campagne de pénitence. Quand il parlait, ce n’était ni pour débiter des babioles ni pour faire rire[5], mais ses paroles étaient tout imprégnées de la force de l’Esprit-Saint : elles pénétraient jusqu’au plus profond des cœurs et plongeaient ses auditeurs dans la stupéfaction. Toute sa prédication était une annonciation de paix, et il commençait chacun de ses sermons par cette salutation au peuple : « Que le Seigneur vous donne la paix[6]!» C’est une révélation du Seigneur, déclara-t-il plus tard, qui lui avait appris cette formule. On pourrait dire, lui appliquant le verset du prophète, « il annonça la paix, prêcha le salut et, par d’opportunes interventions, réconcilia avec la vraie paix ceux qui, loin du Christ, étaient ainsi loin du salut[7] [8]. »
  2. On parlait de plus en plus de l’homme de Dieu, de son enseignement si simple, de sa vie, et quelques-uns, à son exemple, s’éprirent de pénitence puis se joignirent à lui, quittèrent tout et, dans le même accoutrement, partagèrent sa vie. Le premier fut le vénérable Bernard, qui entendit, lui aussi, l’appel de Dieu[9] et mérita d’être le premier-né de notre bienheureux Père au titre de l’ancienneté autant que de la sainteté. Lorsque, convaincu de la sainteté du serviteur du Christ, il eut pris la résolution de n’avoir plus, comme lui, que mépris pour le monde, il vint le trouver et lui demanda comment s’y prendre. Cette demande de son premier fils fut pour le serviteur de Dieu un grand réconfort spirituel. « C’est à Dieu, répondit-il, que nous devons demander conseil. » Le lendemain matin, ils allèrent donc à l’église Saint-Nicolas, et après avoir prié, François, qui avait le culte de la sainte Trinité, ouvrit par trois fois le livre des Évangiles, demandant à Dieu de ratifier par un triple oui la sainte résolution de Bernard. A la première fois, il tomba sur ce verset : « Si tu veux être parfait, va, vends tous tes biens et donnes-en le prix aux pauvres[10].» La seconde fois : « Pour voyager, n’emporte rien[11]. » Et la troisième : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il se renonce lui-même, prenne sa croix et me suive[12]. » – « Voilà notre vie, dit le saint, voilà notre règle et celle de tous ceux qui voudraient venir avec nous. Si tu veux être parfait, va et mets en pratique ce que tu viens d’entendre ! »
  3. Cinq autres, peu après, répondirent à l’appel du même Esprit, et les fils de François atteignirent le nombre de six. Le troisième était notre saint Père Gilles[13], un homme tout rempli de Dieu et dont la mémoire est à conserver. Car, arrivé aux plus sublimes vertus, vers la fin de sa vie, comme François l’avait prédit, il s’éleva, lui pourtant simple et illettré, aux plus hauts sommets de la contemplation. Il passa de longues années dans une recherche continuelle de Dieu, ravi souvent en de telles extases – j’en parle en témoin oculaire – qu’il paraissait mener parmi les hommes une vie angélique plutôt qu’humaine.
  4. C’est vers cette époque aussi qu’un excellent prêtre d’Assise nommé Sylvestre eut une vision qu’il me faut rapporter. Comme il ne pouvait souffrir les idées et les pratiques lancées par François et ses frères, la grâce d’en-haut s’en vint le visiter pour éviter qu’un jugement si téméraire ne le perdît. Il vit donc en songe la ville d’Assise entièrement investie par un énorme dragon[14] qui semblait devoir, tant il était monstrueux, ravager toute la province. Mais une croix d’or plantée dans la bouche de François apparut ensuite, dont le sommet touchait le ciel[15] et dont les bras s’étendaient jusqu’aux extrémités de la terre[16]. À peine eut-elle commencé de rayonner que le dragon sanguinaire et horrible prit la fuite et pour toujours. Comme ce songe s’était renouvelé trois fois, il pensa que c’était un enseignement du ciel et il en fit à l’homme de Dieu et aux frères un récit détaillé. Peu de temps après, quittant le monde, il mit tant de persévérance à suivre les traces du Christ que sa vie dans l’Ordre accrédita la vision qu’il eut dans le siècle[17].
  5. Le récit de cette vision ne fit germer en l’homme de Dieu aucune pensée de vanité : il n’y vit qu’une nouvelle manifestation de la bonté de Dieu et n’en fut que plus acharné à combattre les ruses de l’antique ennemi et à prêcher la gloire de la croix du Christ. Un jour que, dans la solitude, il voyait défiler ses années passées et les pleurait avec amertume[18], la joie de l’Esprit-Saint fondit sur lui et lui donna l’assurance que ses péchés lui étaient pleinement remis. Arraché alors à lui-même, tout absorbé dans une admirable lumière, et embrassant en esprit un immense panorama, il vit nettement toute son histoire à venir et celle de ses fils. Retrouvant ensuite ses frères il leur dit : « Courage, mes bien-aimés, réjouissez-vous dans le Seigneur[19]; ne vous attristez ni de votre petit nombre ni de ma simplicité ou de la vôtre, car le Seigneur m’a fait voir, de façon irrécusable, que Dieu fera de nous une multitude immense et que, par la grâce de sa bénédiction, il nous multipliera toujours de plus en plus[20].
  6. A la même époque, l’entrée dans l’Ordre d’un autre homme de bien porta à sept le nombre des enfants du serviteur de Dieu. Alors le pieux Père[21] réunit tous ses fils, leur parla longuement du royaume de Dieu, du mépris du monde, du renoncement à la volonté propre et de la mortification corporelle, et leur annonça son projet de les envoyer dans les quatre parties du monde. Sa simplicité pourtant stérile et chétive lui avait à peine donné sept enfants[22]; et voilà qu’il désirait enfanter au Christ Seigneur tous les fidèles en les appelant à la pénitence. « Allez, dit-il tendrement à ses fils, et en annonçant la paix aux hommes, prêchez-leur la pénitence pour qu’ils obtiennent le pardon de leurs péchés[23]. Soyez patients dans la difficulté, assidus à la prière, courageux au travail ; soyez sans prétention dans vos sermons, sans écarts dans votre conduite et reconnaissants pour les bienfaits reçus : si vous remplissez ce programme, le royaume des cieux est à vous ! » Eux alors, humblement à genoux aux pieds du serviteur de Dieu, reçurent dans la joie spirituelle le mandat que leur confiait la sainte obéissance, et lui de dire à chacun : « Abandonne au Seigneur tout souci, et il prendra soin de toi[24]. » C’était sa phrase habituelle lorsqu’il envoyait un frère en mission[25]. Quant à lui, conscient de sa vocation de modèle et voulant agir avant de parler[26], il prit un de ses compagnons et s’en alla vers l’un des quatre points cardinaux, les trois autres points ayant été dévolus aux frères qui restaient, comme pour tracer un immense signe de croix. Quand, un peu plus tard, il voulut revoir ses enfants bien-aimés, ne sachant comment leur faire parvenir son appel, il pria le Seigneur de les réunir, lui qui rassemble les enfants dispersés d’Israël[27]. Et il arriva que, sans avoir été convoqués par qui que ce fût mais par un bienfait de la bonté de Dieu, tous, à leur grand étonnement, se rencontrèrent comme il l’avait désiré. Quatre nouveaux, – des hommes recommandables,- se joignirent à eux, et ils atteignirent ainsi le nombre de douze.
  7. Voyant augmenter peu à peu le nombre des frères, le serviteur du Christ mit par écrit, pour lui et pour eux, en quelques mots bien simples, leur idéal de vie : un élément fondamental et sans transaction possible, l’Évangile ; en outre, quelques points nécessaires à l’uniformité[28]. Il désira l’approbation du Souverain Pontife[29] et, négligeant tout appui humain, mais sûr de Dieu, résolut d’aller se présenter au Siège Apostolique avec son équipe d’hommes simples. Dieu, du haut du ciel, contemplait ce désir ; mais comme les compagnons étaient épouvantés de se voir si simples, il leur rendit courage par une vision dont il gratifia François : il lui sembla qu’il parcourait une route sur le bord de laquelle s’élevait un arbre gigantesque ; arrivé à quelque distance, il s’arrêta pour en admirer la hauteur et soudain une force divine le souleva jusqu’à le hausser à la cime de l’arbre qu’il fit ployer facilement jusqu’à terre. En homme plein de Dieu, il comprit que cette vision présageait la condescendance du Siège Apostolique ; alors, rempli de l’allégresse de l’Esprit, ayant rendu courage à ses frères, il se mit en route avec eux.
  8. Arrivé en cour de Rome, il fut admis en présence du Souverain Pontife[30]. Le Vicaire du Christ, plongé dans de profondes réflexions, se promenait de long en large dans son palais du Latran, dans la salle dite du Miroir ; il fit chasser sans aucun égard le serviteur du Christ, qui lui était inconnu. Celui-ci, humblement, repartit. Or, la nuit suivante, le Souverain Pontife eut une vision envoyée par Dieu : un palmier poussait lentement à ses pieds et devenait un arbre magnifique. Tandis qu’il s’émerveillait et s’interrogeait sur le sens de cette vision, Dieu vint, par ses lumières, au secours de sa réflexion et lui révéla que ce palmier représentait le pauvre qu’il avait chassé la veille. Et le lendemain matin le pape envoya ses serviteurs à la recherche de ce pauvre à travers la ville ; on le retrouva près du Latran, à l’hôpital Saint-Antoine[31]; il le fit aussitôt amener devant lui.

Introduit en présence du Souverain Pontife, François présenta son projet en demandant avec d’humbles instances l’approbation de sa règle de vie. Le Vicaire du Christ, qui était alors le Seigneur Innocent III, d’une sagesse remarquable, admirant la limpidité de cette âme toute simple[32], la ténacité et l’ardent amour qu’il apportait à son dessein, se sentit tout prêt à donner son assentiment. Il ne rendit toutefois au petit pauvre du Christ qu’une réponse dilatoire, car plusieurs cardinaux trouvaient que c’était là une nouveauté et une entreprise au-dessus des forces humaines. Or il y avait parmi les cardinaux un homme vénérable, Messire Jean de Saint-Paul, évêque de la Sabine, acquis d’avance à toute forme de sainteté et protecteur des pauvres du Christ. Tout enflammé de l’Esprit de Dieu, il dit au Souverain Pontife et à ses frères[33] : « Si nous repoussons comme une nouveauté ou une gageure la proposition de ce pauvre : vivre conformément à l’Évangile[34], nous nous exposons, ce faisant, à blesser l’Évangile du Christ. Car soutenir que c’est une nouveauté, une folie ou une gageure que de pratiquer la perfection de l’Évangile, c’est blasphémer contre le Christ, l’auteur de l’Évangile. » Alors le successeur de Pierre se tourna vers le pauvre du Christ et lui dit : « Mon fils, prie le Christ de me révéler par toi sa volonté, et quand j’en serai mieux instruit, je pourrai avec plus de sécurité t’accorder ce que ta générosité désire. »

  1. Le serviteur du Dieu tout-puissant se plongea dans la prière et, par sa ferveur, obtint pour lui-même de savoir ce qu’il avait à dire, et pour le Pape la disposition d’âme appropriée. Il se mit à raconter, comme Dieu la lui avait apprise, la parabole de ce roi très riche qui avait choisi pour épouse une femme belle et pauvre et dont les enfants ressemblaient si bien au roi leur père, que celui-ci voulut les élever dans son palais. Il ajouta en guise d’explication : « Pas de danger que meurent de faim les fils et héritiers du Roi éternel : à l’image du Christ-Roi, né par l’opération du Saint-Esprit d’une mère pauvre, ils vont, eux aussi, être engendrés dans notre pauvre petit Ordre par l’esprit de pauvreté. Car enfin,- si le Roi des cieux promet à ceux qui l’imitent le royaume éternel[35], à bien plus forte raison leur procurera-t-il ce qu’il accorde indifféremment aux bons et aux méchants[36] [37]! »

Le vicaire du Christ avait écouté avec beaucoup d’intérêt la parabole et son explication ; il était émerveillé et ne doutait plus que le Christ eût parlé par la bouche de cet homme. Il avait eu d’ailleurs, peu de temps auparavant, une vision dont il affirma, sous l’inspiration de l’Esprit divin, qu’elle trouverait en François son accomplissement. Il avait vu la basilique du Latran prête à s’écrouler ; mais un pauvre homme, petit et d’aspect misérable, la soutenait de l’épaule pour empêcher l’effondrement[38]. « Voilà vraiment, dit-il, celui qui, par son action et son enseignement, soutiendra l’Église du Christ ! » Et, sa dévotion l’emportant, il acquiesça sans réserve, vouant au serviteur du Christ un amour tout spécial qui ne se démentit jamais. Non seulement il lui accorda tout ce qu’il demandait, mais il promit de donner plus encore dans la suite. Il approuva sa règle, lui donna mission de prêcher la pénitence et fit faire de petites tonsures à tous les laïcs compagnons de François, pour leur permettre de prêcher la parole de Dieu[39] sans être inquiétés[40].

Chapitre 4

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[1] Jn 1 14

[2] A la donation de François au service du Christ entre les mains de son Église, il manquait un code de vie, un directoire spirituel. C’est la grande grâce qu’il va trouver au pied de l’autel dédié à la Reine des Anges. On pense, selon la liturgie du temps, que ce fut la fête de saint Mathias, à la fin du mois de février, qui valut à François d’entendre cet évangile révélateur.

[3] Mt 10 9

[4] 1 C 21 nous apprend que François en demanda l’explication au prêtre desservant, qui la lui fournit « point par point ».

[5] Vices malheureusement trop répandus chez les prédicateurs de l’époque. La règle avertira les prédicateurs d’avoir à parler « d’une manière soignée et châtiée, pour l’utilité et l’édification du peuple… et avec brièveté ». (2 Reg 9 3).

[6] 2 Th 3 16 ; Is 26 12 ; Jn 14 27

[7] Is 52 7

[8] Saint Bonaventure ne manque pas de souligner, à cause des dissensions de l’Ordre, le message de paix apporté par François. La vocation du « pacificateur » avait d’ailleurs profondément frappé les contemporains, qui en furent les premiers bénéficiaires : au moment où François lance son message de paix, Assise déteste Pérouse, Spolète saccage Foligno, et à l’intérieur même des villes, les partis sont aux prises. Une antienne de l’office du 4 octobre répète avec insistance :

Pacem salutem nuntiat – In spiritus virtute

Veraeque Paci sociat – Longinquos a salute.

[9] He 3 1

[10] Mt 19 21

[11] Lc 9 3

[12] Mt 16 24

[13] Mort à Pérouse le 22 avril 1262, au cours même de la rédaction de cette légende.

[14] Dn 14 22

[15] Réminiscence de l’échelle de Jacob : Gn 28 12

[16] Se rappeler que personne n’avait encore imaginé que la terre pût être ronde

[17] La venue d’un prêtre ne peut s’expliquer qu’avec l’accord spécial de l’évêque d’Assise. C’est un événement gros de conséquence pour l’avenir de ce groupe de laïcs qui va évoluer progressivement vers un ordre de clercs. François, qui n’avait pas envisagé de devenir un fondateur d’ordre religieux, n’a pourtant jamais reculé devant les aspects nouveaux que le Seigneur donnait à la fondation.

[18] Is 38 15

[19] Ep 6 ; Ph 3 1 ; 4 4

[20] Continuation du parallélisme avec la vision de Jacob, évoquée au paragraphe précédent, et avec les promesses faites au patriarche : « Ta postérité sera comme la poussière de la terre ; tu t’étendras à l’Occident et à l’Orient, au Midi et au Septentrion, et toutes les races de la terre seront bénies en toi et en Celui qui naîtra de toi. »

[21] Besoin bien méridional de caser des adjectifs, ou bien réminiscence classique (Pius Eneas) à propos d’un personnage conçu comme un héros d’épopée, le fait est que l’appellation de « pieux » caractérise très souvent François dans cette Légende, et avec un sens très étendu (Cf. infra, ch. 8) : conscience d’être fils de Dieu et frère de toute créature, et comportement en conséquence.

[22] 1 S 2 5

[23] Mc 1 4

[24] Ps 54 23

[25] Littéralement : en obéissance. Le mot latin est passé dans le vocabulaire monastique sous la forme « obédience », qui désigne maintenant la « feuille de route » du religieux envoyé en mission par son supérieur.

[26] Ac 1 1

[27] Ps 146 2

[28] L’uniformité, ennemi numéro 1 des Spirituels auxquels saint Bonaventure concède cependant que l’essentiel est d’abord l’Évangile. Voyez encore 14 5 : l’Évangile avant toute autre Constitution.

[29] Détail caractéristique, distinguant bien François de tous les réformateurs contemporains.

[30] Le paragraphe qui suit est une addition au texte de saint Bonaventure, due à la plume de Jérôme d’Ascoli, ministre général de l’Ordre, et plus tard pape sous le nom de Nicolas IV (= 1292). Il tenait le fait du Cardinal Richard de Annibaldis, parent d’Innocent III. Mathieu Paris et Roger de Wendover se font aussi l’écho d’un premier accueil assez rude.

[31] Dirigé par les frères Hospitaliers de saint Antoine, fondés au XI° siècle en France et qui, au XIII° siècle, comptaient déjà plus de 350 établissements. La tenue de ces Frères comportait un bâton terminé par un Tau (comme on peut en voir dans la plupart des représentations de saint Antoine Ermite) et un grand Tau cousu sur leur habit.

L’hôpital Saint-Antoine où François descendit n’est pas celui qui se trouvait près de Sainte-Marie Majeure (à l’emplacement du Russicum actuel) mais celui qui s’élevait entre l’Aqueduc et l’église des saints Pierre et Marcellin (L. Oliger, S. Francesco a Roma, dans : L’Italia Francescana, Sainte-Marie-des-Anges, 1927, pp. 67 ss.).

[32] Pour Bonaventure comme pour François, simplicité et pureté vont toujours de pair. Voyez la Salutation des Vertus : Pure simplicité…

[33] Les cardinaux.

[34] La Règle de saint François commence par ces mots, dont toute la suite n’est qu’une explicitation : « La règle de vie des Frères Mineurs consiste à observer le saint Évangile de Notre-Seigneur Jésus-Christ… »

[35] 2 P 1 11 ; Mt 19 28

[36] Mt 5 45

[37] Type de raisonnement a fortiori, caractéristique des tempéraments passionnés et familier à saint François : Cf. Première Lettre : « Si la bienheureuse Vierge Marie.. si le Baptiste bienheureux… si le sépulcre glorieux… comme il doit être saint. » – Ou encore : Deuxième Règle, chap. 6 : « Si une mère nourrit et chérit son fils selon la chair, à combien plus forte raison un frère… »

[38] « Les Frères Prêcheurs ont, de leur côté, perpétué ce rêve pontifical avec l’épaule de saint Dominique. Mais je préfère la tradition franciscaine, qui est italienne, à la dominicaine, qui est espagnole ». (E. Gebhart, La Vieille Église, Paris 1910, p. 79).

[39] Lc 11 28

[40] Cette tonsure en faisait des clercs, et par là les soustrayait à la juridiction des princes pour les faire passer à celle de l’Église. Une approbation orale n’était pas alors, comme on pourrait le croire de nos jours, quelque chose comme une simple tolérance. Le pape se souviendra de cette approbation donnée aux Mineurs lorsque, au Concile de Latran (1215), il réservera leur cas en interdisant les nouvelles règles religieuses ; saint Dominique, approuvé provisoirement plus tard (alors qu’il avait fondé plus tôt), devra se rabattre sur la règle de saint Augustin.

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